COUP DE CIRCUIT POUR LES JOUEUSES DE BASEBALL AU QUÉBEC

À l’été 2015, elle était sur le monticule pour l’équipe nationale de Baseball en finale des Jeux panaméricains présentés à Toronto. 6 ans plus tard, maintenant au début de la trentaine et mère de 3 jeunes enfants, Vanessa Riopel relève un nouveau défi, celui de faire avancer le baseball pour les filles au Québec. En effet, l’ancienne lanceure de l’équipe nationale féminine de Baseball durant 9 années est devenue il y a quelques semaines Coordonnatrice du développement et leadership féminin pour la fédération de baseball du Québec, soit celle qui régit le sport dans la province. Un défi qui l’enchante, mais qui lui fait aussi réaliser l’ampleur de la tâche qui se présente à elle.
« Le volet féminin a grandement évolué durant mon absence, mais il y a encore beaucoup à changer, et tout particulièrement la mentalité. Je me demande s’il est encore normal en 2021 d’utiliser le mot baseball pour le volet masculin et baseball féminin pour le volet féminin?»
Elle salue d’ailleurs l’initiative qui a précédé la création de son poste par la fédération. Suite à une collaboration avec Égale Action, qui a procédé à une évaluation de la place des femmes au sein de l’organisation, le Directeur général Maxime Lamarche ainsi que la Vice-présidente du conseil d’administration – Julie Gosselin ont décidé de créer ce poste, pour donner une voix au développement du baseball pour les filles.
« Baseball Québec veut vraiment s’investir pour que le nombre de joueuses augmente et que la qualité de l’encadrement soit plus ciblée et adaptée aux filles. Je crois d’ailleurs que le fait que je suis une ancienne athlète à aider ma candidature. »
Un nouveau poste qui arrive dans un contexte bien particulier évidemment, avec le télétravail omniprésent dans les entreprises, ce qui amène un bon nombre d’ajustement pour arriver à bien s’intégrer et découvrir ses nouveaux dossiers.
« Mes nouveaux collègues sont très ouverts à m’aider et à répondre à mes questions. Ils ont tous à cœur le volet féminin de notre sport et c’est ce qui fait la force de notre fédération. Évidement nous ne pouvons pas simplement prendre le modèle de développement de la structure masculine et l’appliquer au volet féminin. Nous devons innover et s’adapter aux réalités des jeunes filles et des femmes, Nous voulons en recruter davantage, pour couvrir toutes les sphères du baseball. C’est un bon défi pour tout le monde. »
Vanessa mentionne avoir commencé à pratiquer le sport pour faire comme son grand frère. Elle a grandi dans le baseball en jouant majoritairement avec les garçons et elle croit que les options qu’ont les jeunes filles maintenant de jouer entre elles dès leur début et contre d’autres équipes féminines, sont un immense privilège.
« Quand j’étais jeune, ça n’existait pas les équipes de filles et encore moins les ligues. J’étais toujours la seule fille sur le terrain. »
Les choses changent dans la société et il y a quelques semaines à peine, la première ligue féminine de baseball du Québec a vu officiellement le jour. On voit également plusieurs associations entièrement féminines augmenter sur le territoire québécois. Il est important pour elle que les filles puissent débuter avec d’autres filles, parce que les liens qui se tissent et les expériences que ça peut apporter en grandissant sont primordials dans le développement.
« Il y a plusieurs bonnes joueuses qui jouent avec les garçons, mais souvent, elles ne sont pas mises dans des situations de leader ou de jouer dans des moments sous pression. Je crois sincèrement que ça peut affecter leur développement si elles souhaitent évoluer dans l’élite. Avec les filles, elles peuvent obtenir ces opportunités-là!»
Elle reconnait que le calibre est encore un enjeu pour convaincre les jeunes filles de changer au volet féminin, mais croit qu’avec du travail et du temps, les choses vont continuer à progresser. La nouvelle coordonnatrice a d’ailleurs déjà contacté certaines de ces anciennes coéquipières de l’équipe nationale pour savoir si elles voudraient aider dans le futur et à son grand bonheur, elles ont rapidement dit oui.
« Personnellement, je ne voyais jamais de filles qui jouaient au baseball en jeune âge. On n’avait pas de modèles, maintenant, les choses changent tranquillement, même si l’absence de notre sport aux jeux olympiques fait mal. Dans les prochaines années je vais vous les montrer nos modèles. ».
Le manque de visibilité n’est pas le seul problème criant du baseball pour les filles. Le manque de structure après le secondaire est majeur. En effet, des sports-études existent pour les joueuses d’âge secondaire, mais après, il n’existe aucun programme collégial ou universitaire au Québec pour elles. Plusieurs décident d’ailleurs de transférer au softball pour avoir l’opportunité de continuer d’aller à l’école et de jouer à un haut niveau, soit la NCAA.
Vanessa Riopel a fait un choix différent. Alors qu’elle étudiait à l’UQTR en Kinésiologie, elle désirait poursuivre sa préparation pour la Coupe du Monde de l’IBAF, mais n’avait nulle part où vraiment s’entraîner.
« J’ai cogné à la porte du sport-études Collège Laflèche et je leur ai demandé si je pouvais m’entraîner avec eux. Ils ont été super et ont accepté. Donc j’étudiais à l’université, je m’entraînais avec eux et je travaillais aussi bien sûr, parce que nous ne recevions aucun appui financier, même en étant sur l’équipe nationale ».
Elle est bien entendue heureuse de pouvoir faire une différence et aider à faire évoluer les mentalités et progresser le sport qui a eu un impact aussi marquant dans sa vie.
« Le sport a été pour moi une école de vie. Ma carrière de baseball a été un stage de développement personnel. Si tu veux jouer au plus haut niveau tu n’as pas le choix d’être responsable, discipliné, d’apprendre à gérer la pression et à travailler en équipe. En voyageant à travers le monde, tu développes une capacité d’adaptation et une ouverture d’esprit qui te servent après dans toutes les sphères de ta vie ».
Le développement éventuel d’un réseau post-secondaire, l’amélioration de l’encadrement pour les joueuses élites, l’importance d’augmenter la participation chez les jeunes joueuses, recruter plus d’entraîneures ainsi que l’utilisation d’un discours plus inclusif quand on parle de sports pratiqués par les femmes sont quelques-uns des dossiers auxquels elle s’attaque. « C’est simple, je souhaite que ma fille ait les mêmes opportunités que ses frères, peu importe ses choix. » de conclure cette dernière.
Parions que la vétérante de 12 ans sur les équipes du Québec pourra puiser dans ses nombreuses expériences compétitives pour pouvoir relever les nombreux défis qui l’attendent.